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    JANVIER

     

    Gladys fit une grave crise nerveuse, obligeant les Atkinson à contacter Grace McKee, qui leur ordonna d'appeler rapidement une ambulance.

      

    Grace MacKee 

      

    Elle fut conduite au Los Angeles General Hospital.

     

     

     

    Pendant l'hospitalisation de Gladys, les Atkinson et Grace McKee s’occupèrent de Norma Jeane. Elle ne vit donc à nouveau sa mère que rarement, à l’occasion des rares week-ends où Gladys était autorisée à sortir.

     

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    Gladys et Grace

      

    FEVRIER

     

    Gladys, sortie de l'hôpital, était toujours éteinte et dépressive.

     

    Il n’y avait apparemment pas de signe de psychose dans son comportement : sa démission semblait plutôt résulter du regard qu’elle portait sur son passé (et peut-être de la culpabilité et du remords d’avoir négligé sa fille).

     

    Bouleversée par la mort dramatique de son grand-père, elle s’était persuadée tenir la preuve de la présence dans sa lignée d’une tare dangereuse.

     

    Elle prit alors la décision d’assumer son foyer.

     

    Tout en continuant à travailler six jours par semaine, elle s’efforça de se rapprocher de sa fille, qui lui était devenue étrangère.

     

    Il semblait que le futur et ses espoirs étaient entrés en collision brutale avec le passé, avec les terribles remords qu’elle éprouvait pour le mode de vie qu’elle s’était choisie et pour l’abandon de Norma Jeane.

     

    Comme beaucoup de personnes à cette époque qui fêtaient la fin de la Prohibition, Gladys se laissait aller à boire au-delà de ses capacités. L’alcool ne pouvait qu’interférer dangereusement avec les médicaments qu’elle prenait.

     

    L’état de Gladys devait nécessiter un traitement plus complexe que celui dont elle bénéficiait mais l’assistance psychologique était chose plutôt rare à Los Angeles à cette époque.

     

     

     

    Elle fut emmenée, âgée d’à peine 32 ans, dans un asile de Santa Monica. Elle y resta plusieurs mois, sous sédatifs et complètement délaissée, puis elle fut transférée à nouveau au Los Angeles General Hospital.

     

    Elle en sortait parfois le week-end. Privée de tout traitement psychiatrique digne de ce nom, Gladys s’abîma lentement dans un monde solitaire dont elle ne devait que rarement émerger.

     

    Norma Jeane fut prise en charge par Grace McKee, la formidable et l’omniprésente Grace, qui n’avait jamais eu d’enfant.

     

    Elle devint ainsi la troisième figure maternelle de Norma Jeane, qui n’avait alors que huit ans.

     

     

     

    Norma Jeane passa presque toute cette année dans la maison d’Arbol Street, aux bons soins des Atkinson, et sous contrôle de Grace qui venait la voir pratiquement tous les jours.

     

    Mais pour pouvoir payer les versements du prêt qui était au nom de Gladys, et sur conseil de Grace, les Atkinson vendirent quelques meubles pour faire face aux traites.

     

     

     

    Encore une fois, Norma Jeane devait faire face à d’importants changements, à un bouleversement inattendu, à des comportements nouveaux auxquels il allait falloir se conformer. Ida Bolender considérait les vedettes de cinéma et leur univers comme un péché suprême. Gladys lui avait appris que les films étaient un plaisir bien innocent, car ils procuraient un salaire confortable.

     

    L’engagement de Grace fut plus radical. Clara Bow et Jean Harlow (actrices de cette époque) ne devaient être ni condamnées ni simplement admirées ; elles devaient être imitées.

     

    Pour une fillette de huit ans, toutes ces convictions contradictoires étaient difficiles à accepter, à prendre en compte.

     

    Toute son enfance se trouva modelée par une succession de contradictions qui ne pouvaient que créer un sentiment de culpabilité. La petite personne de bon aloi qu’Ida avait façonnée s’efforçait de rester bonne et pure. L’enfant que Gladys venait voir se voulait agréable, voulait plaire à sa mère et la rassurer.

     

    La fillette que Grace prit en main dû tout laisser de côté pour devenir une personne tout à fait nouvelle, une chimère écrite, habillée, produite et mise en scène par Grace McKee.

     

    Jusqu’à cette année, Grace avait assouvi son instinct maternel sur ses deux petites nièces ; mais les fillettes avaient quitté Los Angeles. Et du chagrin du départ de Gladys avait émergé une chance soudaine et inespérée : désormais, Grace avait un enfant à élever, à construire, à former.

     

    Pour forcer la main au destin, Grace fit à Norma Jeane une robe de vichy, lui boucla les cheveux et l’encouragea à imiter la moue de Mary Pickford.

     

    On pourrait croire, au vu des sacrifices financiers consentis pour l’éducation de Norma Jeane, que les motifs conscients de Grace étaient dénués de cupidité. D’ailleurs elle laissait à l’enfant plus de liberté que celle-ci n’en avait jamais eu.

     

    Mais la liberté, les plaisirs, les avantages qu’offrait Grace n’étaient pas sans contrepartie.

     

    La femme à qui Norma Jeane devait plaire, à qui elle devait sa sécurité, son lit et son couvert, ne se contentait pas de travailler dans l’une des parties de « l’usine à rêves ».

     

    Grace y voyait des êtres, réels ou fictifs, changer de nom et même d’essence. On les réinventait comme elle l’avait fait pour elle-même, au cours de ses jeunes années de bohème en perdant, ici ou là, avec légèreté et insouciance, un nom ou un mari.

     

    Si un seul être devait avoir été préparé pour Hollywood, Norma Jeane était celui-là. Elle voyait se modifier la couleur des cheveux de Grace, ainsi que la longueur de ses jupes. Par son travail, Grace se rendait parfaitement compte de la manière dont l’apparence d’une femme pouvait être modifiée par le maquillage, l’éclairage, les filtres et même les ombres. Comment aussi, avec un simple coup de ciseaux, pouvait disparaître une image peu flatteuse. A son banc de montage, elle était parfaitement placée pour savoir ce que les studios allaient lancer. Ce qui « marchait », ce que le public attendait.

     

    En vérité, par son travail, Grace aidait à parfaire l’illusion. Et, avec une grande assiduité et un sérieux assorti, Norma Jeane devint la dépositaire du savoir de Grace. En prenant à charge l’éducation et la formation de Norma Jeane, Grace tenait enfin l’occasion de créer une fille que la nature lui avait refusée.

     

     

     

    Cette année là, Grace travaillait aux laboratoires de la Columbia. Le samedi, les monteurs travaillaient quatre heures. Grace avait obtenu d’une amie que celle-ci fasse venir Norma Jeane au laboratoire, une heure avant la fermeture. Grace fit alors cette démonstration de fierté maternelle : « Tourne-toi Norma Jeane, et montre au gentil monsieur le gros nœud que ta robe a dans le dos. Maintenant, marche un peu par là et tourne toi. C’est bien. Marche un peu de ce côté…Oh, voici Ella ! Norma Jeane, tu as rencontré Ella le mois dernier. Dis encore une fois à Ella…elle a certainement oublié, mais toi, sûrement pas ! Dis à Ella ce que tu deviendras quand tu seras grande. Dis : « Une star de cinéma », ma chérie ! Dis-lui que tu deviendras une star ! ».

     

    Pour Grace il était clair que Norma Jeane serait une star ; et pour atteindre ce but, elle n'avait un seul modèle : Jean Harlow.

     

     

     

    Pour Norma Jeane, l’année s’écoula tranquillement et banalement, entre l’école, les séances de cinéma en compagnie de Grace et les visites sporadiques de Gladys.

     

    Cet été-là, Norma Jeane vit « Cleopatra » avec Claudette Colbert au cinéma.

     

    Trois fois, toujours un dimanche, Gladys les accompagna à l’Ambassador Hotel où elles déjeunèrent.

     

    C’était un événement exceptionnel, une fête. Calme, triste et renfermée, Gladys picorait dans son assiette en écoutant Grace papoter. Grace était très fière de la robe qu’elle avait achetée à Norma Jeane et des rubans roses qu’elle avait noués aux boucles de la fillette.

     

    Ces sorties ne faisaient qu’accentuer le malaise de Gladys ; elle se ressentait alors, et plus que jamais, comme une mère incapable. Quant à Norma Jeane, elle regardait se transformer en étrangère une femme qu’elle avait à peine connue.

     

    Pendant ces rendez-vous, Gladys était complètement déconnectée du monde réel, de la famille à laquelle les docteurs tenaient tant à la confronter. Sa visite à sa fille, à Arbol Street, avait été tout autant irréelle.

     

    Les Atkinson désireux de repartir en, Angleterre, firent leurs valises.

     

     

     

    Abattue par l’idée d’être responsable de Norma Jeane et par le sentiment de culpabilité d’avoir déçu ses médecins, sa fille et son amie Grace, Gladys retourna (avec une hâte qu’il est facile d’imaginer) dans la relative sérénité de l’hôpital.

     

    Là-bas, au moins, dans le confort de la monotonie, ne pas courir après la gloire n’était pas considéré comme une maladie. Là-bas, elle n’avait aucun devoir et son rôle de mère était inexistant. Ainsi, elle pouvait ignorer les tourments de la culpabilité. La vraie réalité était ce qu’elle voyait, ce qu’elle entendait.

     

     

     

      

    1934 - SEPTEMBRE

     

    Norma Jeane retourna à la Selma Street School ()(3rd grade) (jusqu’en juin 1935).

     

     

     

    AUTOMNE

     

    La maison de Gladys à Arbol Street fut mise en vente.

     

     

     

    Pour des raisons bien simples, Grace ne recueillit pas Norma Jeane chez elle. Elle avait en effet décidé de devenir la tutrice légale de la fillette, mais pour cela, l’Etat de Californie demandait la preuve de l’incapacité permanente des parents naturels. De plus, la future adoptée devait passer six mois dans un orphelinat de la région en attendant que la mise sous tutelle soit acceptée.

     

    Grace remplit très vite la première des exigences ; elle obtint une déclaration des médecins de Gladys la déclarant incapable.

     

     

     

    Norma Jeane fut dans un premier temps placée chez Enid et Sam Knebelkamp; Enid était la sœur de Grace McKee.

     

    Ana Lower, la tante de Grace, s'occupa elle aussi de Norma Jeane.

     

     

     

    DECEMBRE

     

    Grace fit transférer Gladys au Norwalk State Hospital (là où était décédée Della Monroe, la propre mère de Gladys). En effet, l’état de Gladys étant stationnaire, le personnel de l’hôpital du Los Angeles General Hospital avait déclaré ne plus pouvoir la prendre en charge.

     

    Le rapport du chef de service du Los Angeles General Hospital disait : « Sa maladie se caractérise à la fois par de constantes préoccupations religieuses et par une profonde dépression et une grande agitation. Il semblerait que la maladie ait atteint son stade chronique ».

     

     

     

    La maison d’Arbol Street n’existant plus, il n’y avait aucune raison de reculer l’officialisation de la situation de Gladys.

     

    De plus le Norwalk State Hospital avait une réputation bien meilleure que le Los Angeles General Hospital, dans la gestion des divers cas de maladie mentale. En dehors de l’apathie qui s’était emparée de Gladys et de sa perte de sensibilité, les médecins de l’hôpital général avaient été convaincus de la gravité de la maladie de Gladys par les déclarations de Grace. Celle-ci avait raconté la naissance illégitime de Norma Jeane et les désormais traditionnels récits des maladies mentales qui avaient frappés la famille de Gladys, son grand-père Tilford Hogan et sa mère Della Mae Monroe.

     

     

     

    Gladys y séjourna jusqu’en 1938, puis changea d’hôpital.

      

    McKEE Grace (épouse GODDARD)

     

     Née Clara Grace Emma Atchinson

     

    Portrait

     

     

     

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    Date de naissance : 1er janvier 1894, dans le Montana.

     

    Date de décès : 28 septembre 1953, à Los Angeles, Californie.

     

     

     

    Lieux d'habitation :

     

    1921 : 1211 Hyperion Avenue (avec Gladys Baker)

     

    1935 : 6707 Odessa Avenue, Van Nuys (avec Doc Goddard)

     

    1937 : Barbara Court, Hollywood (avec Doc Goddard)

     

    1941 : 14 743 Archwood Street, Van Nuys (avec Doc Goddard)

     

    1941 : (septembre) 6707 Odessa Avenue, Van Nuys

     

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    1942 :322, Wilson Court, Huntigton, Virginie.

     

    1953 : 6707 Odessa Avenue, Van Nuys.

     

     

     

    Exercice : elle contrôlait le travail à l'atelier de montage des négatifs au Consolidated Film Industries.

     

     

     

    Histoire

     

    Sa mère : Emma Atchinson.

     

    Son père : Wallace Atchinson, né dans le Michigan.

     

    La soeur de son père : tante Ana Lower.

     

     

     

    Le 2 février 1915, elle épousa Reginald A.Evans (né au Kansas) un garagiste de 21 ans (même âge qu'elle):

     

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    A cette époque, ils habitaient Sawtelle, comté de Los Angeles.

     

    Elle rêvait d'être actrice de cinéma mais malgré un sourire engageant et une ambition irrépressible, son rêve restera un rêve.

     

    Poupée oxygénée d'1m56, Grace s'amusait à jouer le rôle de la « good time girl » (une fille avec qui on prend du bon temps), selon une expression qui faisait fureur et qui laissait imaginer que cette fille-là devait en faire de belles...

     

     

     

    Le 12 juin 1920, Grace épousa John Wallace McKee, un dessinateur (né en 1896 en Californie):. Elle aurait annoncé qu’Evans était allé à la guerre et qu'il y était mort, mais ce fait n’a jamais été confirmé.

     

    Elle ne vécut pas très longtemps avec McKee, même s'il s'écoula plusieurs années avant que leur divorce ne fût prononcé.

     

    1923 : elle travaillait au Consolidated Film Industries.

     

    Un collègue à la Consolidated Film Industries, Olin G.Stanley, dira d'elle :

     

    « Cette femme tenait surtout de l'oiseau. … Elle était indépendante, travailleuse et de moeurs très libres. Elle était ambitieuse aussi. Mais elle brassait surtout beaucoup d'air. Quand elle désirait quelqu'un, ou quelque chose, elle se jetait à sa tête. Faire la fête et boire étaient les choses les plus importantes de sa vie et le travail ne servait qu'à se le permettre ».

     

    Ce fut là qu’elle rencontra Gladys Baker et qu’elles devinrent amies:. Elles sortaient souvent ensemble, toujours en quête de rendez-vous.

     

    Fin été 1923 : Gladys et Grace partagèrent un appartement 1211 Hyperion Avenue, East Hollywood.

     

    Grace, Gladys et leurs admirateurs se chargeaient de cartons d'alcool de contrebande largement disponibles dans la capitale du cinéma, et partaient chaque week-end se balader à la montagne ou descendaient sur la plage pour faire la fête.

     

    Quand elles divaguaient un jour de trop ou qu'elles manquaient à l'appel du matin, ou quand elles s'échappaient du laboratoire pour un après-midi de java, leurs collègues faisaient leur travail en échange d'un dollar ou d'un verre.

     

    Gladys et Grace étaient d'authentiques « flappers », ces jeunes femmes des années folles, qui, fortes du droit de vote qu'elles venaient d'obtenir, avaient décidé de s'approprier les mêmes libertés sociales et sexuelles que celles dont jouissaient les hommes.

     

    A leur manière, elles ne faisaient qu'imiter les stars à la fois stupéfiantes et controversées, dont l'image fulgurante défilait, jour après jour, à leurs bancs de montage.

     

    1933-1934 : elle rendit souvent visite à Gladys, à Arbol Street.

     

    1935 : Grace fit les démarches nécessaires et devint tutrice de Norma Jeane, Gladys ayant été hospitalisée et déclarée incapable.

      

      

      

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