• Le destin de Marilyn Monroe
    est énigmatique comme un conte de fées »

     


     



    Song: Forever Young
    Artist: Youth Group

     

      

      

    Entretien avec Joyce Carol Oates, auteur de « Blonde »


    La Croix : Comment expliquez-vous que Marilyn Monroe
    occupe cette place si singulière dans l’imaginaire collectif ?

    Joyce Carol Oates : Plusieurs « icônes » américaines ont connu un sort similaire.
    Souvent très douées, elles semblent en quelque sorte maudites :
    follement célébrées dès leur jeune âge, écrasées par l’attention collective,
    elles disparaissent relativement jeunes, comme Elvis Presley ou James Dean.

    Leur destin est de demeurer comme des symboles dans l’imaginaire collectif,
    plutôt que comme des individus ayant eu des trajectoires personnelles difficiles.
    Marilyn Monroe est peut-être la plus célèbre de ces icônes de l’Amérique.
    N’est-il pas tristement ironique de se souvenir
    que celle que le magazine Playboy avait surnommée

     


    « la femme la plus sexy du XXe siècle » s’est suicidée à l’âge de 36 ans ?

    Plus qu’un personnage, vous en avez fait un sujet de roman.
    D’autres écrivains, et des créateurs, comme Andy Warhol,
    s’en sont inspirés.

      

    Qu’est-ce qui, selon vous, la rend si passionnante pour les artistes ?

     


    Cela tient, me semble-t-il, aux raisons que nous venons
    de décrire et aussi au fait que la femme qui se tenait derrière
    le personnage Marilyn Monroe – Norma Jean Baker –
    était extraordinairement attachante et émouvante.
    Les photographies de cette fille, prises quand elle avait dix-sept ans, sont déchirantes :

     


    elle est jolie, mais pas « glamour » ; et elle n’est même pas blonde.
    Son destin la précède, énigmatique comme un conte de fées
    qui promet toutes les richesses et qui pourtant a la couleur de la tragédie.

    Pensez-vous que son image a évolué depuis sa mort ?

    Pas forcément dans l’esprit d’un public populaire.
    Mais au sein d’un public intéressé par la culture cinématographique, probablement.
    Peut-être son image est-elle devenue moins simpliste :
    plus dense, plus complexe, et plus mystérieuse aussi.

    Quel fut votre propre chemin avec Marilyn Monroe à travers Blonde,
    avant le projet, durant son écriture, et depuis sa publication ?

    À l’origine, je voulais écrire l’histoire d’un conte de fées maudit :
    celle de Norma Jean Baker, qui accède à la gloire,
    aux attentions auxquelles les autres aspirent, et qui est détruite par ça.
    Mais rapidement, alors que je faisais des recherches pour le roman,
    j’ai acquis la conviction qu’il fallait présenter la femme dans sa complexité,
    pas principalement comme une victime des hommes
    (bien que, assurément, Marilyn Monroe fût « une victime »),

     


    mais comme un être immensément doué,
    et une actrice extrêmement travailleuse et idéaliste,
    dont les performances à l’écran demeurent quelque peu sous-évaluées.

    Recueilli par Sabine AUDRERIE

     



     

     

     

     

     

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