• 1932
    •  
    • Norma Jeane termina en juin son année scolaire à la Ballona Elementary and Kindergarten 
    • ( ).
    •  
    • Au cours de l'été, elle participa à un spectacle donné lors d'une fête religieuse au Hollywood Bowl.
    • Avec cinquante autres enfants, elle fit sa première apparition publique. Les petites filles étaient vêtues d'une robe noire et avaient été disposées de telle sorte qu'elles formaient une croix vivante.
    • Le spectacle était pompeux et très ennuyeux. Marilyn racontera son souvenir quelques années plus tard :
    • « Nous avions des tuniques blanches sous nos robes et, au signal, nous devions enlever nos robes pour  transformer la croix noire en croix blanche (). Je m’ennuyais. Je regardais les gens, l’orchestre, les collines, les étoiles dans le ciel, et surtout pas le chef d’orchestre qui devait donner le signal. Je l’ai, à force, complètement oublié et me suis retrouvée seule tache noire dans une croix blanche. Ma famille ne ma l’a jamais pardonné ».
    •  
    • En septembre, elle entra à la Vine Street School (1st grade); elle y restera  jusqu'en juin 1933.
    • L'école était située à l'angle d'El Secundo Boulevard et de Washington Street, au sud du quartier qu'occupe actuellement l'aéroport international de Los Angeles.
    •  
    • Souvent, son chien Tippy (,) la suivait jusqu'à l'école et attendait qu'elle sorte.
    •  
    • A l'école, la discipline n'était qu'une variante de celle appliquée chez les Bolender, mais à la récréation, les choses étaient différentes : « J’adorais jouer. Il fallait faire semblant. Comme tous les gosses, nous jouions de véritables drames, des aventures excessives. Moi, j’adorais inventer – plus que tous les autres, je crois -  car chez mes parents d’adoption, tout était tellement prévisible ».
    • Un des jeux de « faire semblant » lui avait été inspiré par le seul feuilleton radiophonique qu’autorisaient les Bolender. C’était une histoire de détectives et plusieurs fois Norma Jeane arpenta la route, équipée d’une lampe torche d’Albert Bolender, et sans se soucier de la lumière du jour, éclairait les plaques minéralogiques des voitures afin d’en noter les numéros. C’est ainsi, qu’en cette fin d'année 1932 - début de 1933, Norma Jeane apprit à écrire les chiffres.
    •   
    • 1933
    •  
    • Norma Jeane était toujours scolarisée à la Vine Street School (2nd grade)
    • et ce jusqu'en juin:,;.
    •  
    • Avec l'effondrement de la Bourse en 1929, les privations étaient devenues le lot commun de tous les américains, et le grand-père de Gladys, Tilford Hogan n'avait pas été épargné.
    • Il y avait de nombreux cas de suicide au rythme des revers de fortune des familles.
    • A cette époque, il y avait plus de 50 millions d'hommes sans emploi, un adulte par famille de quatre personnes.
    • De nombreuses banques fermaient leurs portes, chaque semaine des usines se déclaraient en faillite, des quantités de paysans se transformaient en ouvriers itinérants et de nombreuses familles, bourgeoises ou plus aisées, finissaient dans des pauvres demeures, vivant de peu de nourriture.
    •  
    • En février, la nation frôla la crise de nerfs collective. Le président, Franklin D.Roosevelt, en visite officielle à Miami, échappa à un attentat à l'arme à feu.
    • Investi de ses fonctions au mois de mars, il promit, avec l'aide de son gouvernement, de sortir le pays de l'ornière où il s'enlisait. Mais tout le monde avait conscience que l'exploit ne serait pas accompli en une semaine.
    • En cette époque de panique économique et de douleur, Tilford perdit pied.
    •  
    • En mai, son état physique (poumons et reins) se dégrada aussi vite que celui de la ferme dont il s'occupait. Il fut rapidement incapable de subvenir à ses besoins et à ceux d'Emma, son épouse.
    •  
    • Le lundi 29 mai, en fin d'après-midi, il dit au revoir à Emma depuis la fenêtre de leur petite maison de Laclede Linn dans le Missouri.
    • Au volant de leur vieille guimbarde, elle alla jusqu'au village voisin pour faire ramener quelque nourriture.
    • Deux heures après, à son retour, elle appela son mari, sans succès. Il ne semblait être ni dans la maison, ni aux alentours. Elle se dirigea alors vers la grange, et, en entrant dans le bâtiment en ruines, elle le vit.
    • Pendu à une corde passée à la poutre maîtresse, il se balançait dans l'obscurité.
    • L'enquête ouverte par le Missouri State Board of Health arriva aux mêmes conclusions que le médecin appelé d'urgence : Tilford, à bout de fierté et d'espoir, s'était suicidé ()  alourdissant les désespérantes statistiques du comté de Linn en la plus sombre année de la Grande Crise.
    •  
    • Bien qu’elle n’eût pas connu son grand-père, Gladys prit la nouvelle de plein fouet. Elle sombra alors dans une dépression qui la laisse sans réaction.
    • Son père, lui avait-on dit, était mort emporté par la démence, et sa mère, selon elle, était décédée d'une psychose maniaco-dépressive. Le suicide de son grand-père acheva donc de persuader Gladys qu’une maladie mentale rôdait sur sa famille. Elle était femme à croire aux choses les plus étranges comme en d’irréfutables vérités. Personne ne pu la débarrasser de cette conviction qui ne reposait sur rien.
    • La nuit venue, elle se mit à arpenter les pièces de la maison en marmonnant des prières et en psalmodiant des versets de la Bible. Inconsolable, elle repoussait les exhortations de son amie et ancienne collègue à la Consolidated Film IndustriesGrace McKee () qui l’incitait à se ménager.
    • Au cours d'une de ses visites, Norma Jeane fut effrayée par le chagrin de sa mère; elle lui tint la main et la suppliait de se reposer, d’arrêter de pleurer.
    •  
    • JUIN
    • Un voisin irascible, agacé par les aboiements de Tippy ( ,), arma son fusil et tua le chien.
    • Albert Bolender enterra le petit chien dans son jardin.
    • Le chagrin qui terrassa Norma Jeane était tel que les Bolender convoquèrent Gladys.
    • Elle arriva fin juin, accompagnée  par Grace McKee. Celle-ci était à cette époque bien plus que sa confidente ; soutien affectif et conseillère, elle tranchait lors de décisions difficiles et réglait les dilemmes financiers et personnels de son amie.
    • Gladys régla la pension de ce dernier mois aux Bolender, emballa les affaires de Norma Jeane et l’emmena dans le petit appartement qu’elle avait loué pour l’été.
    •  
    • Il se trouvait dans un immeuble du 6021 Afton Place () à Hollywood, près des Consolidated Film Industries.
    • La décision qu’avait prise Gladys de bouleverser le cours de sa propre vie en prenant sa fille en charge était, quant à elle, un acte désespéré, un ordre de sa conscience, mais Gladys n’était pas plus prête qu’avant pour l’éducation d’un enfant.
    • C'est ainsi que Norma Jeane quitta sa vie tranquille dans la famille Bolender.
    •  
    • Le mardi 13 juin :
    • Une loi de Roosevelt pour pallier les effets de la Grande Dépression fut mise en application.
    • Des prêts immobiliers à faible taux furent ouverts à des milliers d’américains et Gladys, parent isolé, en obtient un sans difficulté.
    • Elle obtint un prêt de 5000$ (« à Gladys Baker, femme mariée ») par la Mortgage Guarantee Company de Californie (Compagnie de Garantie de Prêts Immobiliers de Californie) qui lui permit ainsi d’accéder à la propriété.
    • Elle négocia l’achat d’une maison meublée de six pièces dont trois chambres, au 6812 Arbol Street non loin du Hollywood Bowl.
    • Elle avait été séduite par la maison et par la présence d'un piano demi-queue blanc de la marque Franklin qui aurait appartenu à Frederic March.
    • Norma Jeane, avait pris des cours de piano (payés par Gladys) avec Miss Marion Miller, lorsqu'elle vivait avec les Bolender.
    • Pour Gladys, ce piano devint le symbole d'une vie qu'elle souhaitait avoir avec sa fille.
    •  
    • Norma Jeane et sa mère s’y installèrent fin août     
    •  
    • En semaine, cet été là, Grace et Gladys allaient travailler dans les laboratoires des studios.
    • Elles donnaient un peu d’argent à Norma Jeane pour qu’elle les attende là où elle serait en sécurité, c'est-à-dire, dans une salle de cinéma.
    •  
    • Pour rembourser son prêt plus facilement, Gladys avait fait un bail à long terme à un couple d'anglais, les Atkinson, qui louait l'ensemble de maison, laissant deux chambres à l'étage pour Gladys et sa fille, et partageaient la salle de bains, la cuisine et le salon.
    • Dans la chambre de Gladys était accroché un seul et unique cadre, celui de Clark Gable
    • (ou peut-être de Charles Stanley Gifford   , la ressemblance physique entre les deux hommes étant saisissante).
    •  
    • Les Atkinson étaient des acteurs anglais. George Atkinson avait décroché de petits rôles dans quelques films de George Arliss, sa femme était figurante, et leur fille, occasionnellement, servait de doublure à l'actrice Madeleine Carroll.
    •  
    • Il n’était alors pas surprenant que la maisonnée ne bruisse que de conversations sur les films.
    • Les dîners  étaient pimentés de nouvelles, de ragots sur les vedettes et de programme des studios.
    •  
    • Cette année là, les Etats annulaient un à un les lois de la prohibition sur l’alcool.
    • Gladys, Grace et leurs amis s’installaient souvent sur le porche après le dîner pour fumer des cigarettes et boire de la bière. Norma Jeane récupérait les bouteilles vides et y mettait soit des fleurs qu’elle allait cueillir dans le jardin, soit quelques gouttes de lavande chipées à sa mère.
    • Cinéma, cigarettes, bières, parfums, rien ne pouvait être plus éloigné des années passées avec les Bolender.
    • Rien de l’expérience de la fillette disciplinée de sept ans ne correspondait à la conduite de ces adultes, à leur précaire façon de vivre, plus troublante qu’originale. Avec toute la maladresse du monde, Norma Jeane essayait de se faire à sa nouvelle mère.
    • La dame qui n’hésitait pas à battre un jeu de cartes pour ses amis, à rouler ses propres tapis pour pouvoir danser sur le parquet, était la femme à qui il fallait plaire désormais. Une femme complètement différente d’Ida Bolender, quelqu’un qu’elle connaissait à peine.
    •  
    • Parmi les nouveautés les plus remarquables, il y  avait, bien sûr, le cinéma.
    • Le week-end, Gladys et Grace emmenaient Norma Jeane en promenade dans Hollywood ; elles s’arrêtaient devant les immenses palais du cinéma, les cathédrales du divertissement qui essayaient de rivaliser avec le Parthénon, Versailles, les temples de l’Extrême Orient, les églises gothiques et les plus célèbres opéras européens.
    • Ces maisons, disaient-elles, étaient les endroits où l’on pouvait voir « leurs films ».
    • Les architectes qui ne regardaient pas à la dépense, remplissaient les immenses espaces de tableaux et d’objets d’art, de sculptures et de fontaines.
    • A l’est de Vine Street, sur Hollywood Boulevard, se dressait le fabuleux Pantages Theater, avec l’Egyptian Theater et surtout, un peu plus à l’ouest, mais toujours sur Hollywood Boulevard,
    •  
    • Norma Jeane y passa, cette année là et l’année suivante, presque tous ses week-ends.
    • Elle vit « Little women » (« Les quatre filles du Dr March ») avec Katharine Hepburn et « Grand Hôtel » avec Joan Crawford et Greta Garbo.
    • Plus que tout, Norma Jeane était frappée par la manière dont Grace et Gladys idolâtraient une blonde incandescente nommée Jean Harlow ( ). La passion de Grace était amplifiée par l’admiration de millions d’américains, et à partir de ce moment là, Norma Jeane devait elle aussi répéter que « Jean Harlow était son actrice préférée ».
    •  
    • SEPTEMBRE
    • Norma Jeane entra à l’école élémentaire de Selma Avenue (), où elle était inscrite sous le prénom de Norma Jean.
    • C’était une simple erreur administrative, mais elle se produisait si souvent qu’il n’est pas difficile d’imaginer Grace et Gladys comparant la petite fille à ses « deux marraines », les actrices Norma Talmadge ( ) et Jean Harlow.
    •  
    • Au bout d’un certain temps, Gladys, toujours très affectée par la mort de son grand-père et des conséquences sur sa propre santé mentale, pris les choses en main et alla consulter un neurologue, qui lui prescrivit des psychotropes.
    • A cette époque, l’histoire de ce type de médicaments était toute récente et leurs effets n’étaient pas connus.
    •  
    • De plus, Gladys avait adopté une attitude qui aurait mieux convenu dans un temple : elle errait souvent en lisant pieusement, les Saintes Ecritures.
    •   
    •   1934 JANVIER
    • Gladys fit une grave crise nerveuse, obligeant les Atkinson à contacter Grace McKee, qui leur ordonna d'appeler rapidement une ambulance.

      Elle fut conduite au Los Angeles General Hospital.

       

      Pendant l'hospitalisation de Gladys, les Atkinson et Grace McKee s’occupèrent de Norma Jeane. Elle ne vit donc à nouveau sa mère que rarement, à l’occasion des rares week-ends où Gladys était autorisée à sortir.

       

      FEVRIER

      Gladys, sortie de l'hôpital, était toujours éteinte et dépressive.

      Il n’y avait apparemment pas de signe de psychose dans son comportement : sa démission semblait plutôt résulter du regard qu’elle portait sur son passé (et peut-être de la culpabilité et du remords d’avoir négligé sa fille).

      Bouleversée par la mort dramatique de son grand-père, elle s’était persuadée tenir la preuve de la présence dans sa lignée d’une tare dangereuse.

      Elle prit alors la décision d’assumer son foyer.

      Tout en continuant à travailler six jours par semaine, elle s’efforça de se rapprocher de sa fille, qui lui était devenue étrangère.

      Il semblait que le futur et ses espoirs étaient entrés en collision brutale avec le passé, avec les terribles remords qu’elle éprouvait pour le mode de vie qu’elle s’était choisie et pour l’abandon de Norma Jeane.

      Comme beaucoup de personnes à cette époque qui fêtaient la fin de la Prohibition, Gladys se laissait aller à boire au-delà de ses capacités. L’alcool ne pouvait qu’interférer dangereusement avec les médicaments qu’elle prenait.

      L’état de Gladys devait nécessiter un traitement plus complexe que celui dont elle bénéficiait mais l’assistance psychologique était chose plutôt rare à Los Angeles à cette époque.

       

      Elle fut emmenée, âgée d’à peine 32 ans, dans un asile de Santa Monica. Elle y resta plusieurs mois, sous sédatifs et complètement délaissée, puis elle fut transférée à nouveau au Los Angeles General Hospital.

      Elle en sortait parfois le week-end. Privée de tout traitement psychiatrique digne de ce nom, Gladys s’abîma lentement dans un monde solitaire dont elle ne devait que rarement émerger.

      Norma Jeane fut prise en charge par Grace McKee, la formidable et l’omniprésente Grace, qui n’avait jamais eu d’enfant.

      Elle devint ainsi la troisième figure maternelle de Norma Jeane, qui n’avait alors que huit ans.

       

      Norma Jeane passa presque toute cette année dans la maison d’Arbol Street, aux bons soins des Atkinson, et sous contrôle de Grace qui venait la voir pratiquement tous les jours.

      Mais pour pouvoir payer les versements du prêt qui était au nom de Gladys, et sur conseil de Grace, les Atkinson vendirent quelques meubles pour faire face aux traites.

       

      Encore une fois, Norma Jeane devait faire face à d’importants changements, à un bouleversement inattendu, à des comportements nouveaux auxquels il allait falloir se conformer. Ida Bolender considérait les vedettes de cinéma et leur univers comme un péché suprême. Gladys lui avait appris que les films étaient un plaisir bien innocent, car ils procuraient un salaire confortable.

      L’engagement de Grace fut plus radical. Clara Bow et Jean Harlow (actrices de cette époque) ne devaient être ni condamnées ni simplement admirées ; elles devaient être imitées.

      Pour une fillette de huit ans, toutes ces convictions contradictoires étaient difficiles à accepter, à prendre en compte.

      Toute son enfance se trouva modelée par une succession de contradictions qui ne pouvaient que créer un sentiment de culpabilité. La petite personne de bon aloi qu’Ida avait façonnée s’efforçait de rester bonne et pure. L’enfant que Gladys venait voir se voulait agréable, voulait plaire à sa mère et la rassurer.

      La fillette que Grace prit en main dû tout laisser de côté pour devenir une personne tout à fait nouvelle, une chimère écrite, habillée, produite et mise en scène par Grace McKee.

      Jusqu’à cette année, Grace avait assouvi son instinct maternel sur ses deux petites nièces ; mais les fillettes avaient quitté Los Angeles. Et du chagrin du départ de Gladys avait émergé une chance soudaine et inespérée : désormais, Grace avait un enfant à élever, à construire, à former.

      Pour forcer la main au destin, Grace fit à Norma Jeane une robe de vichy, lui boucla les cheveux et l’encouragea à imiter la moue de Mary Pickford.

      On pourrait croire, au vu des sacrifices financiers consentis pour l’éducation de Norma Jeane, que les motifs conscients de Grace étaient dénués de cupidité. D’ailleurs elle laissait à l’enfant plus de liberté que celle-ci n’en avait jamais eu.

      Mais la liberté, les plaisirs, les avantages qu’offrait Grace n’étaient pas sans contrepartie.

      La femme à qui Norma Jeane devait plaire, à qui elle devait sa sécurité, son lit et son couvert, ne se contentait pas de travailler dans l’une des parties de « l’usine à rêves ».

      Grace y voyait des êtres, réels ou fictifs, changer de nom et même d’essence. On les réinventait comme elle l’avait fait pour elle-même, au cours de ses jeunes années de bohème en perdant, ici ou là, avec légèreté et insouciance, un nom ou un mari.

      Si un seul être devait avoir été préparé pour Hollywood, Norma Jeane était celui-là.

    • Elle voyait se modifier la couleur des cheveux de Grace, ainsi que la longueur de ses jupes.

    • Par son travail, Grace se rendait parfaitement compte de la manière dont l’apparence d’une femme pouvait être modifiée par le maquillage, l’éclairage, les filtres et même les ombres.

    • Comment aussi, avec un simple coup de ciseaux, pouvait disparaître une image peu flatteuse. A son banc de montage, elle était parfaitement placée pour savoir ce que les studios allaient lancer.

    • Ce qui « marchait », ce que le public attendait.

      En vérité, par son travail, Grace aidait à parfaire l’illusion. Et, avec une grande assiduité et un sérieux assorti, Norma Jeane devint la dépositaire du savoir de Grace.

    • En prenant à charge l’éducation et la formation de Norma Jeane, Grace tenait enfin l’occasion de créer une fille que la nature lui avait refusée.

       

      Cette année là, Grace travaillait aux laboratoires de la Columbia. Le samedi, les monteurs travaillaient quatre heures. Grace avait obtenu d’une amie que celle-ci fasse venir Norma Jeane au laboratoire, une heure avant la fermeture.

    • Grace fit alors cette démonstration de fierté maternelle :

    • « Tourne-toi  Norma Jeane, et montre au gentil monsieur le gros nœud que ta robe a dans le dos. Maintenant, marche un peu par là et tourne toi.

    • C’est bien. Marche un peu de ce côté…Oh, voici Ella ! Norma Jeane, tu as rencontré Ella le mois dernier. Dis encore une fois à Ella…elle a certainement oublié, mais toi, sûrement pas ! Dis à Ella ce que tu deviendras quand tu seras grande. Dis : « Une star de cinéma », ma chérie ! Dis-lui que tu deviendras une star ! ».

      Pour Grace il était clair que Norma Jeane serait une star ; et pour atteindre ce but, elle n'avait un seul modèle : Jean Harlow.

       

      Pour Norma Jeane, l’année s’écoula tranquillement et banalement, entre l’école, les séances de cinéma en compagnie de Grace et les visites sporadiques de Gladys.

      Cet été-là, Norma Jeane vit « Cleopatra » avec Claudette Colbert au cinéma.

      Trois fois, toujours un dimanche, Gladys les accompagna à l’Ambassador Hotel où elles déjeunèrent.

      C’était un événement exceptionnel, une fête. Calme, triste et renfermée, Gladys picorait dans son assiette en écoutant Grace papoter. Grace était très fière de la robe qu’elle avait achetée à Norma Jeane et des rubans roses qu’elle avait noués aux boucles de la fillette.

      Ces sorties ne faisaient qu’accentuer le malaise de Gladys ; elle se ressentait alors, et plus que jamais, comme une mère incapable. Quant à Norma Jeane, elle regardait se transformer en étrangère une femme qu’elle avait à peine connue.

      Pendant ces rendez-vous, Gladys était complètement déconnectée du monde réel, de la famille à laquelle les docteurs tenaient tant à la confronter. Sa visite à sa fille, à Arbol Street, avait été tout autant irréelle.

      Les Atkinson désireux de repartir en, Angleterre, firent leurs valises.

       

      Abattue par l’idée d’être responsable de Norma Jeane et par le sentiment de culpabilité d’avoir déçu ses médecins, sa fille et son amie Grace, Gladys retourna (avec une hâte qu’il est facile d’imaginer) dans la relative sérénité de l’hôpital.

      Là-bas, au moins,  dans le confort de la monotonie, ne pas courir après la gloire n’était pas considéré comme une maladie. Là-bas, elle n’avait aucun devoir et son rôle de mère était inexistant. Ainsi, elle pouvait ignorer les tourments de la culpabilité. La vraie réalité était ce qu’elle voyait, ce qu’elle entendait.

       

      SEPTEMBRE

      Norma Jeane retourna à la Selma Street School  ()

    • (3rd grade) (jusqu’en juin 1935).

       

      AUTOMNE

      La maison de Gladys à Arbol Street fut mise en vente.

       

      Pour des raisons bien simples, Grace ne recueillit pas Norma Jeane chez elle. Elle avait en effet décidé de devenir la tutrice légale de la fillette, mais pour cela, l’Etat de Californie demandait la preuve de l’incapacité permanente des parents naturels. De plus, la future adoptée devait passer six mois dans un orphelinat de la région en attendant que la mise sous tutelle soit acceptée.

      Grace remplit très vite la première des exigences ; elle obtint une déclaration des médecins de Gladys la déclarant incapable.

       

      Norma Jeane fut dans un premier temps placée chez Enid et Sam Knebelkamp; Enid était la sœur de Grace McKee.

      Ana Lower, la tante de Grace, s'occupa elle aussi de Norma Jeane.

      DECEMBRE

      Grace fit transférer Gladys au Norwalk State Hospital  (là où était décédée Della Monroe, la propre mère de Gladys). En effet, l’état de Gladys étant stationnaire, le personnel de l’hôpital du Los Angeles General Hospital avait déclaré ne plus pouvoir la prendre en charge.

      Le rapport du chef de service du Los Angeles General Hospital disait : « Sa maladie se caractérise à la fois par de constantes préoccupations religieuses et par une profonde dépression et une grande agitation. Il semblerait que la maladie ait atteint son stade chronique ».

       

      La maison d’Arbol Street n’existant plus, il n’y avait aucune raison de reculer l’officialisation de la situation de Gladys.

      De plus le Norwalk State Hospital avait une réputation bien meilleure que le Los Angeles General Hospital, dans la gestion des divers cas de maladie mentale. En dehors de l’apathie qui s’était emparée de Gladys et de sa perte de sensibilité, les médecins de l’hôpital général avaient été convaincus de la gravité de la maladie de Gladys par les déclarations de Grace.

    • Celle-ci avait raconté la naissance illégitime de Norma Jeane et les désormais traditionnels récits des maladies mentales qui avaient frappés la famille de Gladys, son grand-père Tilford Hogan et sa mère Della Mae Monroe.

       

      Gladys y séjourna jusqu’en 1938, puis changea d’hôpital.

    •   JANVIER :1935

    •  

      Le mardi 15 janvier : Gladys, admise au Norwalk State Hospital, fut déclarée définitivement aliénée (schizophrénie paranoïde). 

      Grace McKee poursuivit les démarches nécessaires pour devenir la tutrice de Norma Jeane, sa représentante légale.

       

      Elle apprit qu’en septembre une place se libèrerait à l’orphelinat de Los Angeles.

       

      En attendant, elle s’arrangea pour que des voisins à elle, vivant à l’ouest de Los Angeles (non loin de Highland Avenue), les Giffen, accueillent Norma Jeane.

       

      Harvey Giffen travaillait lui aussi dans l'industrie du cinéma. C'était une famille de classe moyenne, mais qui pouvait offrir une vie confortable et aimante à Norma Jeane.

       

      Grace, prudente, s’était renseignée avant de fixer son choix sur les Giffen ; c’était une famille de trois enfants, qui accueillait d’autres enfants. Il n’y avait aucun risque qu’ils gardent Norma Jeane trop longtemps.

       

      Norma Jeane resta deux mois chez les Giffen.

       

      Ayant comme projet de repartir à la Nouvelle Orléans d’où ils étaient originaires, les Giffen proposèrent d'adopter Norma Jeane et de l'emmener avec eux. Mais Gladys refusa.

       

       

       

      Parce qu’elle s’occupait de Norma Jeane avec détermination (elle envoyait chaque semaine un rapport aux autorités compétentes), Grace pû demander à la cour d’autoriser Norma Jeane à venir vivre avec elle, après son séjour chez les Giffen.

       

      La cour enquêta sur les qualités de tutrice de Grace, et autorisa Norma Jeane à aller habiter chez la mère de Grace, Emma Willette Atchinson (Grace était née Atchinson mais elle avait gardé le nom de son deuxième mari John McKee), qui vivait dans un appartement donnant sur Lodi Place, à Hollywood.

       

       

       

      Grace demanda à la cour de la  désigner comme seule administratrice des biens de Gladys ( , ). Elle s’était rendue compte que les affaires financières de Gladys devaient être régularisées (pour éviter qu’un homme, se prétendant être le père de Norma Jeane, surgisse de nulle part et ne fasse main basse sur les biens).

       

      Il fallait aussi éviter une éventuelle saisie de l’administration fiscale.

       

      Elle savait que les ventes et les investissements, argent ou biens immobiliers, demandaient un œil vigilant. Elle, au moins, au nom de Norma Jeane, ferait fructifier cet argent qui servirait à l’éducation de l’enfant.

       

       

       

      MARS

       

      Le lundi 25 mars : Grace déclara sous serment être la candidate idéale  pour être la tutrice de Norma Jeane, après le séjour obligatoire à l'orphelinat.

       

       

       

      AVRIL

       

      Bilan de la situation financière de Gladys 

       

       - 6.75$ sur son compte en banque

       

      - 210$ en chèques d’assurance non endossés (en cas de perte de travail pour raison de santé)

       

      - un meuble de radio (valeur 25$ dont 15 encore dus au magasin)

       

      - 350$ dus sur l’achat d’une Plymouth (une voiture dont Gladys s’était à peine servie)

       

      - 225$ d’arriérés sur le piano blanc

       

      - 5 000$ de la maison d’Arbol Drive.

       

       

       

      PRINTEMPS

       

      Grace rencontra Ervin Silliman Goddard ; les circonstances exactes de leur rencontre sont inconnues, mais une violente passion émergea entre eux.

       

      Il était plus jeune que Grace de dix ans. Originaire du Texas, il était divorcé et père de trois enfants qu’il ne voyait guère.

       

      Son charme, sa cordialité et ses rêves de gloire cinématographique alternaient avec des phases d’indolence qui l’emmenaient au bar le plus proche pour d’interminables entretiens avec les habitués.

       

      Un tel homme ne pouvait qu’être séduit par l’énergie de Grace qu’il trouvait contagieuse, par sa nature passionnée qu’il trouvait gratifiante et par ses encouragements et son adoration qu’il trouvait irrésistibles. Grace s’enticha follement du solide jeune homme, si beau qu’elle le décrivait à tous comme une star de cinéma. D’autant qu’il faisait preuve d’une attention ardente et qu’il n’était pas avare de compliments.

       

       

      JUIN

       

      Le samedi 1er juin : Norma Jeane fête ses  neuf ans.

       

      Ce jour là, Grace obtint l’entière jouissance de tous les biens de Gladys et l’entière responsabilité quant à leur devenir.

       

       

      Quelques jours lui suffirent pour ramener la Plymouth à son ancien propriétaire (qui annula la dette de Gladys) et pour vendre le piano (235$ qui revinrent, comme il convenait au magasin).

       

      La maison d’Arbol Street fut vendue et l’hypothèque levée sans pénalité.

        

      Grace établit aussi une liste des choses dont elle comptait obtenir le remboursement, des sommes qu’elle avait dépensé pour l’entretien de Gladys et de Norma Jeane :

       

      - 24$ de salaire d’une infirmière nommée Julia Bennett

       

       - 25$ versé à Emma Atchinson (la mère de Grace) pour l’entretien de Norma Jeane

       

      - 49$ et 30 cents de pension à la maison de repos de Santa Monica (pour le séjour de Gladys en février 1934)

       

      - 43$ et 16 cents pour des vêtements achetés à Norma Jeane.

       

      AOUT :

       

      Le samedi 10 août, Grace McKee se maria à Las Vegas () , avec « Doc » Goddard, chez une tante de Grace (Minnie Willette, sœur d’Emma Atchinson elle-même mère de Grace) qui servit aussi de témoin:

       

      .

       

       Rentrés à Los Angeles, les jeunes mariés s’installèrent dans un petit bungalow au 6707 Odessa Avenue à Van Nuys 

       

      ()dans San Fernando Valley, de l’autre côté des collines d’Hollywood (,,,).

    •  

      Norma Jeane y vécut avec eux, ainsi que Nona, une des filles de Doc qui l’avait suivi en Californie.

       

      Le bungalow était modeste, Grace et Doc ayant des emplois irréguliers et n'ayant ni l’un ni l’autre d’économies.

       

      Pour les Goddard, Norma Jeane était une bouche de trop à nourrir et Doc insista auprès de Grace pour qu’elle la place rapidement à l’orphelinat, le temps d'économiser un peu d'argent.

       

      Grace céda. Pour Norma Jeane, c’était encore un lien brisé d’un seul coup, encore une promesse que l’on ne tenait pas, encore une fois, elle était la présence qui gênait.

       

      Comme le lui avait dit Ida Bolender, sa propre mère l’avait abandonnée, et elle se rendait compte que l’on pouvait se débarrasser d’elle dès qu’elle devenait encombrante.

       

       

      SEPTEMBRE :

       

      Le vendredi 13 septembre : Grace déposa Norma Jeane à l’orphelinat de Los Angeles, le Los Angeles Orphans Home Society, au 815 North El Centro.

       

      Elle fut inscrite comme le 3 463ème enfant abandonné à l’institut en vingt-cinq années d’existence.

       

      C’était une maison de briques rouges, confortable et spacieuse, qui datait de l’époque coloniale ; mais elle restait néanmoins un orphelinat (,).

       

      La bâtisse pouvait accueillir entre cinquante et soixante enfants.

       

      Certains petits pensionnaires avaient toujours leurs parents : dans les années 20, un bon tiers d’entre eux étaient des fugueurs ou des gosses des rues « oubliés » par des miséreux ou des immigrants incapables de nourrir une descendance qu’ils n’avaient pas toujours désirée.

       

      Dans les années 30, les parents tombés dans la pauvreté pouvaient demander un hébergement momentané pour leurs enfants. Ceux là, comme Norma Jeane, étaient des hôtes « temporaires ».

       

       Les premières semaines, Norma Jeane se sentit terriblement isolée.

       

      Elle y restera jusqu’en juin 1937, juste après son onzième anniversaire.

       

       A l’orphelinat, la journée commençait à six heures et les enfants rangeaient leur chambre avant de descendre pour le petit déjeuner.

       

      Les filles et les garçons occupaient des ailes séparées du bâtiment. Ils vivaient dans des chambres nettes et bien rangées qu’ils partageaient à quatre, cinq ou six.

       

      Des équipes d’employés s’occupaient des repas et de l’entretien de l’institut, mais, pour développer leur sens des responsabilités, les enfants recevaient cinq ou dix cents par semaine en échange de menus travaux, attribués en fonction de l’âge et de la condition physique de chacun.

       

      Les dirigeants de l’orphelinat, tout en encourageant les enfants à assister à la messe du dimanche, n’imposaient aucune règle religieuse.

       

       

       

      Le dossier de Norma Jeane de 1935 la décrivait comme une « fille saine et normale, de bon appétit et de sommeil égal. Elle semble heureuse, ne se plaint pas et dit même aimer sa classe ».

       

       

       

      Elle allait à l’école primaire de Vine Street (Vine Elementary) (4th et 5th grade) (jusqu’en juin 1937), à cinq minutes de marche de l’orphelinat.

       

       

       

      De temps en temps, le samedi, Grace emmenait Norma Jeane en promenade, à déjeuner et au cinéma.

    • Elles préféraient les séances de fin d’après-midi où elles pouvaient applaudir les stars. Parmi les films, Norma Jeane vit « Mutiny of the Bounty » (« Les révoltés du Bounty ») avec Clark Gable, qui lui rappelait le sombre moustachu dont la photo avait orné les murs de la maison d’Arbol Street. La séance du samedi avait souvent lieu au Grauman’s Chinese Theater, et Norma Jeane essayait de mettre ses pieds dans les empreintes laissées par les stars sur Hollywood Boulevard.

       

       

      Grace lui disait qu’elle essayait d’arranger les choses pour que la petite fille puisse revenir avec elle, à la maison..

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  • JUIN 1926

    Norma Jeane Mortenson naquit le mardi 1er juin au Los Angeles General Hospital.:

    Ce fut le docteur Herman M.Beerman qui la mit au monde.

    Sur son certificat de naissance ( , ; ), elle fut identifiée comme étant la fille de Gladys Monroe (divorcée de son  premier mari, Jasper Baker (  ), elle avait repris son nom de jeune fille), domiciliée au 5454 Wilshire Boulevard à Hollywood, et d'Edward Mortenson, boulanger et de domicile inconnu.

     

    Selon les versions, il existerait d'autres pères potentiels, des collègues de Gladys à la Consolidated Film Industries 

    (  ), où elle travaillait en tant que monteuse de négatifs de films pour l’industrie du cinéma.

    Mais l'hypothèse la plus communément admise, veut que le père le plus probable de Norma Jeane, ait été Stanley Gifford, contremaître à la Consolidated Film Industries. Celui-ci, ayant divorcé de sa femme en 1925, était connu pour cumuler les aventures extra-conjuguales.

    Gladys ne parla jamais, ni en privé, ni en public, de Gifford et ne lui demanda aucun soutien, qu'il soit financier ou affectif lors de la naissance de la petite Norma Jeane. Gifford quant à lui, malgré le fait qu'il soit le père supposé, ne contribua pas au séjour de Gladys à l'hôpital et ne reconnut jamais Norma Jeane comme étant sa fille.

     

    Ce furent les collègues de travail de Gladys qui organisèrent une collecte de fonds pour l'aider à payer son séjour à l'hôpital; elles récoltèrent la somme de 140$.

     

    Gladys, séparée de son mari Edward Mortenson mais pas encore divorcée, ne savait peut-être pas elle-même l'identité du père de sa fille.

    Dans la demande de divorce d'avec Gladys que Martin Mortenson fit en 1928, il n'était pas reconnu comme le père de l'enfant de Gladys.

    Elle faisait partie de ce qu'on l'appelait à l'époque les « good time girls », des femmes aux mœurs dites légères.

    Gladys ne connaissait personne qui pouvait garder Norma Jeane et ne gagnant pas assez d'argent, elle ne pouvait abandonner son travail à la Consolidated Film.

    Sa vie ne s'accordait pas aux exigences d'un bébé et Gladys était totalement terrifiée par la responsabilité que lui incombait l'éducation de son enfant.

    Déçue par sa vie, par ses mariages, par la vie de sa propre mère, séparée de ses premiers enfants, Berniece (née en 1919) et Robert (né en 1917), enlevés par leur père Jasper Baker en 1923, Gladys se découvrait incapable de véritable affection maternelle.

    Il devint donc évident qu'elle devait placer sa fille dans une famille solide et aimante.

     

    Ce fut Della Mae Monroe, la mère de Gladys, de retour de ses aventures exotiques (elle avait suivi son mari Charles Grainger qui était en mission à Bornéo) qui, deux semaines après la  naissance de Norma Jeane, incita Gladys à placer sa petite-fille dans une famille sérieuse et dévote, les Bolender.

    Della Monroe était la voisine des Bolender, qui habitaient au 459 East Rhode Island à Hawthorn, une banlieue ouvrière de Los Angeles.

     

    Semaine du 13 au 19 juin

    Gladys plaça Norma Jeane en nourrice chez Albert et Ida Bolender (  ). Comme de nombreuses familles à cette époque, les Bolender arrondissaient leurs fins de mois en s'occupant d'enfants. Pour cette responsabilité, ils recevaient la somme de 25$ par mois, soit de la part des parents naturels, soit de la part de l'Etat de Californie.

    Les Bolender avaient un fils, Lester, âgé de deux mois de plus que Norma Jeane et qu'ils avaient officiellement adopté.

    Ils étaient assez pauvres : Albert était  facteur et Ida s'occupait de l'éducation de son fils et des enfants qu'elle avait en charge, de ses tâches de maîtresse de maison  et de sa paroisse protestante.

    Ils étaient en effet membres de l'Eglise pentecôtiste unie, une branche de la Mission évangélique de la foi apostolique de Los Angeles, à laquelle appartenait également Della Monroe.

     

    Gladys rendait régulièrement visite à sa fille le week-end et s'occupait d'elle:.

    Norma Jeane vivra sept années chez les Bolender, dans le quatre pièces de leur modeste bungalow.

     

    DECEMBRE

    Le lundi 6 décembre, Ida Bolender et Della Monroe () firent baptiser Norma Jeane au temple de sœur Aimée Semple MacPherson ( ), une évangéliste pentecôtiste, à la Four Square Gospel Church, au 4503 West Broadway à Hawthorn:.

      

     

    1928

     

     On sait peu de choses sur cette année là particulièrement.

     

    Norma Jeane était toujours en nourrice chez les Bolender (, ;  ).

     

     

     

    Durant l’été Gladys Baker emmena sa fille sur la plage de Santa Monica, avec son frère Marion Monroe, son épouse Olyve et leur fillette Ida May :

     

     

     

      

    1930

     

     Les années passées chez les Bolender furent des années de grande sécurité pour Norma Jeane.

     

    Elle fut bien traitée et ne manqua jamais de rien, malgré les maigres ressources de cette famille adoptive. Il y avait même un vieux piano droit (Norma Jeane prendra des cours de piano quelques années plus tard sur ce piano), qui servait à accompagner les psaumes qu'Ida et ses amies de la communauté religieuse, venaient chanter à la maison. Il y avait également des jouets, des livres et une petite chambre où Gladys dormait lorsqu'elle venait passer le week-end avec elle.

     

     

     

    Quand elle venait voir sa fille, Gladys l'emmenait se promener ou pique-niquer. Elles prenaient le trolley de la Pacific Electric jusqu'à Sunset Beach

     

    Elles faisaient de longues promenades, allant à Torrance visiter les verreries,  à Redondo, Manhattan ou Hermosa et s'arrêtaient prendre une glace.

     

    Un des plus anciens souvenirs de Norma Jeane fut la St Mark's Plaza à Venice, un endroit où les touristes et les habitants de la ville faisaient leurs courses, créant ainsi une foule multicolore. Elle adorait aussi regarder les mimes, les jongleurs et les cracheurs de feu.

     

    Quelquefois, elles prenaient le train miniature et s'arrêtaient à Windward; là, Gladys montrait à sa fille les endroits où les stars de cinéma comme Douglas Fairbanks, Mary Pickford ou Harold Lloyd passaient leurs week-ends.

     

     

     

    Mais ces heureux moments se firent de plus en plus rares, Gladys venant à Hawthorn de moins en moins souvent.

     

    Néanmoins, la fillette ne manquait de rien et était toujours bien habillée, car Gladys continuait de payer la pension.

     

    Visiteuse occasionnelle, elle devint une ombre fugace dans la vie de Norma Jeane. Alors que les autres enfants savaient précisément qui était leur père ou leur mère, Norma Jeane était en pleine confusion. Ida Bolender lui avait expliqué qu'elle n'était pas sa mère qu'elle devait l'appeler tante Ida. Voulant certainement bien faire, Ida Bolender n'avait peut-être pas l'art et la manière pour donner des explications rassurantes à une petite fille désorientée par les allées et venues de la femme dont on lui avait dit qu'elle était sa mère.

     

    Les quelques visites de Gladys étaient pour Norma Jeane des moments de récréation, mais les véritables acteurs de sa vie étaient les Bolender.

     

    Ils n'avaient aucun penchant pour la distraction et le plaisir, mais plutôt pour la morale, la religion et le devoir de piété.

     

    Leur église était le pilier de leur vie et bien sûr, devenait celui des enfants qu'ils avaient en garde. Ceux-ci allaient le dimanche au service et apprenaient à prier lors d'instruction qui leur était donnée un après-midi et un soir par semaine.

     

    Comme beaucoup de gens débordant de bonnes intentions mais limités par une étroitesse d'esprit, les fidèles de l'Eglise unifiée de la Pentecôte, associaient la religion à une adhésion sans faille à un code strict de bonne conduite.

     

    Malgré leur affection pour les enfants dont ils avaient la responsabilité, les choses devaient êtres claires et cadrées.

     

     

    1930

    Dans ces années là (1920-1930) de nombreuses sectes évangéliques se mirent à proliférer.

     

    Les Bolender étaient fascinés par une évangéliste charismatique nommée Aimee Semple McPherson (qui avait baptisée Norma Jeane en 1926) et ne manquaient aucun de ses sermons.

     

    Danser, fumer, jouer aux cartes était considéré comme appartenant au mal, alors que la propreté, l'ordre et la discipline étaient considérés comme des preuves de vertu. L'imagination, l'impertinence et les mauvaises manières étaient des péchés. Les règles de la maisonnée (les heures des repas à heures fixes et les corvées ménagères) devaient être suivies à la lettre, afin de recevoir l'approbation d'Ida.

     

     

    Cette vie contrastait avec la vie de Gladys et la philosophie des Bolender avait tout pour égarer Norma Jeane dans la construction de ses repères.

     

    Les photos de cette époque montrent une petite fille très souriante ( ,   ). Mais, pensant que les compliments tenaient du péché et que la beauté pouvait s'avérer dangereuse, les Bolender ne lui disait pas qu'elle était une jolie petite fille.

     

     

    Cette année là, Norma Jeane était toujours scolarisée à la Hawthorn Community Sunday School.

     

    Son meilleur ami était un chien bâtard, nommé Tippy, qu'elle avait trouvé et ramené à la maison. Dans la mesure où elle s'en occupait, les Bolender acceptèrent qu'elle garde le petit chien (, ).

     

     

    1931

     

    La vie se poursuivait tranquillement chez les Bolender.

     

    Le samedi 1 septembre, Norma Jeane fit sa première rentrée scolaire au Ballona Elementary and Kindergarten (équivalent de la maternelle) (, ). 

    Elle allait à l’école avec Lester Bolender 

    (,;,).

    Elle y fera son année scolaire jusqu'en juin 1932.


     

     

     

      

      

    SOURCES : http://www.cursumperficio.net/1926.html

      

      

     

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