• Le divorce, la Corée, le Japon, la gloire...!

     

    En 1954 c'est l'époque aussi des premiers somnifères. Elle travaille avec Ben Hecht sur son autobiographie dont elle recevra le premier jet en avril (mais le livre ne paraîtra qu'en 1974 pour la première fois, et très modifié). La Joyeuse Parade (mai 1954) pendant lequel elle a ses premières absences pour maladie. Elle confie à sa coach et amie Natasha Lytess que DiMaggio la bat. Elle enregistre des chansons pour la diffusion sur vinyles par la RCA. 1954 marquera aussi la rencontre avec la famille Strasberg: Lee, le professeur de La Méthode, Paula, sa femme qui deviendra aussi un coach pour Marilyn, et Susan qui joue avec elle dans ce film-ci. Sept Ans de réflexion (août 1954).

     

    Déjà, lors de la lune de miel avec Joe Di Maggio et le voyage en Corée en février 1954, le drame commença. Tant qu'ils n'avaient été que fiancés, ils ne vivaient pas continuellement ensemble et Joe Di Maggio n'avait pas, si l'on ose dire, l'instinct du propriétaire. Il admettait de partager Marilyn avec le public. Cela lui fut plus difficile lorsqu'elle fut sa femme. Quand ils arrivèrent au Japon et en Corée, il y eut des multitudes d'hommes délirants qui acclamèrent leur Marilyn : Joe resta au second plan comme il avait coutume de le faire. Certains affirmèrent qu'il était plein d'amertume parce que tout le succès allait à sa femme et qu'il était, lui, presque oublié. C'est mal le connaître. Il n'a pas cette vanité absurde. S'il fut parfois sombre durant ce voyage c'est parce qu'il sentait confusément que Marilyn lui échappait et lui échapperait. C'est que personne ne se fait une idée exacte de l'hystérie que déchaîna ce voyage au Japon et en Corée. Il fut un test indiscutable de la popularité de la vedette parmi les hommes - parmi les G.I's qui représentent la moyenne des hommes de tous les Etats américains. Le front explosa littéralement.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Naturellement, le front de Corée était calme quand elle arriva. Les hostilités étaient terminées depuis longtemps dans ce pays et les soldats américains se bornaient à monter la garde sur leurs positions pour éviter toute surprise. Dès que Marilyn arriva, les Nord-Coréens et les chinois - qui veillaient de l'autre côté - durent croire à des préparatifs offensifs de la part des américains tant le front "bougea" ce jour-là. L'arrivée de Marilyn c'était une autre guerre du Viet-Nam qui commencait...!! La vedette donna trois représentations pour commencer ; elle réunit 30.000 soldats de toutes armes et ils lui firent un accueil comme jamais aucun président des Etats-Unis ou aucun général victorieux n'en reçut de la part de ses troupes. Ce fut un véritable délire...! Elle chanta, mais ce n'était pas pour l'entendre chanter que ces milliers de soldats étaient venus de tous les coins du front ; c'était pour la voir, rien que pour la voir, rien que pour se rendre compte que le mythe Monroe existait réellement et était une femme.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Elle avait bien fait les choses en leur honneur ; elle portait une robe pourpre dont le décolleté découvrait entièrement ses magnifiques épaules. La première phrase qu'elle lança aux G.I's en montant sur scène en plein air fut un parfait "Monroeisme" : "Jamais, dit-elle, je n'ai vu autant d'hommes dans ma vie..." Et elle ajouta, après un silence : "....d'un seul coup !". Cela déchaîna des hurlements d'enthousiasme ; les G.I's découvraient Marilyn telle qu'ils la rêvaient et l'imaginaient ; elle ne les décevait pas, alors que cela se produit si souvent quand le public voit, en chair et en os, ses idoles de l'écran.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Un statisticien de l'armée établit que Marilyn avait battu, en chaleur de l'accueil de la part des G.I.'s le célèbre cardinal Spellman, de deux à un. Un soldat soupira extasié : "J'espère qu'elle finira par quitter Joe Di Maggio". Dans un mess d'officiers où elle fut reçue, on avait enlevé du mur une gigantesque reproduction de son calendrier, où elle apparaissait dans toute nudité. "Nous pensions", dit par la suite un officier, "que cette photo pourrait embarasser Marilyn". Ailleurs, partout où elle passa, on avait également enlevé tous ces calendriers, par délicatesse. Mais dès qu'elle fut partie, ils reprirent leur place au mur. Un journaliste nota que, dans tous les bâtiments militaires qu'il visita, ce calendrier se trouvait à la place d'honneur.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Marilyn fit tous ses déplacements en Corée, entre les divers secteurs, dans un hélicoptère de l'armée. Lorsqu'il apparaissait à l'horizon, il était attendu avec plus de curiosité que s'il s'était agi d'une authentique soucoupe volante transportant toute une cargaison de martiens...!! On calcula qu'en deux jours, la blonde vedette se produisit devant plus de 50.000 hommes et ils n'étaient pas seulement des américains. Elle reçut le même accueil délirant de la part des français, des turcs, des belges, des grecs...etc etc...Après son départ, un inspecteur de l'Armée constata : "La puissance combative de nos divisions vient d'être multipliée par deux", tant il est vrai que, la plus haute antiquité, la femme reste l'élément le plus capable d'agir sur le guerrier. Un général américain a remarqué devant ces manifestations d'hystérie collective : "S'il prenait à cette fille extraordinaire l'idée de les envoyer conquérir la Chine, ils y réussiraient à condition d'avoir sa photo dans leur sac...!".

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Jamais la Military Police n'eut autant à faire que ces jours-là. Lorsque, connaissant son public et le pouvoir qu'elle pouvait exercer sur lui, Marilyn se mettait à marcher sur la scène, de la démarche souple et provocante qu'elle avait inventée, les policiers militaires devaient faire la chaîne pour empêcher les soldats de monter à l'assaut. Ils furent même débordés à un certain moment et il fallut que le colonel commandant le secteur intervint en personne et fit interrompre pour quelques instants la représentation. Quelques instants de grande solitude...! Pratiquement tous les spectateurs étaient armés d'appareils photos et tous fixèrent pour leur album cet instant mémorable.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Au Japon, elle reçut le même accueil de la part des soldats américains - et aussi des japonais. Un porte-parole de l'état-major de Tokyo lança aux reporters à la manière d'une plaisanterie : "Si jamais une guerre éclate nous savons désormais ce qu'il faut faire pour rendre l'armée américaine invincible". N'était-ce qu'une boutade ? De retour aux USA, Marilyn fut une parfaite épouse auprès de l'homme qu'elle aimait sincèrement et profondément. Mais elle était prisonnière de sa gloire. C'est d'abord pour elle que le drame existait. Elle a toujours été extraordinairement consciencieuse. Comme elle tournait sans arrêt en raison de son succès, elle passait toutes ses journées au studio, de 7 heures du matin à 8 heures du soir. Parfois, Joe Di Maggio venait l'y rejoindre, mais il n'aimait pas ce milieu truffé de journalistes et de reporters.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le soir, quand elle rentrait, elle était fatiguée. Elle ne manquait aucune de ses obligations professionnelles : photos publicitaires, interviews, interventions à la radio et apparitions à la télévision, présence à des premières ou à des réceptions. Parfois, il aurait aimé garder sa femme pour lui. Elle aurait voulu, elle aussi, rester auprès de lui, mais elle ne pouvait se permettre ces infidélités à sa carrière. Il aurait aimé aussi qu'elle se dévêtit de manière moins agressive dans ses films, maintenant qu'ils étaient mariés. Elle s'y refusa parce qu'en instinctive artiste, elle sentait qu'elle devait être fidèle à l'idée que le public se faisait de son personnage. Peu à peu, il apparut qu'elle devait choisir entre les deux mondes auxquels elle appartenait entièrement : Joe Di Maggio ou le public. La mort dans l'âme et désespérée, quand il ne fut plus possible d'éviter le choix, elle choisit le public. Une fois de plus, comme lors de son premier mariage et, cette fois, malgré un amour sincère, Marilyn prit le pas sur Norma Jean Baker ; la vedette domina la femme ; elle préféra quitter Joe Di Maggio, qu'elle aimait, plutôt que d'être infidèle aux millions d'hommes qui rêvaient d'elle de par le monde.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ils ont sombré au premier gros coup de grain ; Joe parce qu'il l'aimait trop ; Marilyn parce qu'elle avait connu la misère et que, par-dessus tout, par haine de cette misère, elle voulait rester la grande vedette qu'elle était devenue. D'autres grandes artistes vécurent déjà auparavant ce terrible drame personnel et ce terrible drame à deux. Elles perdaient leur amour ; elles étaient désespérées mais avant de monter sur scène, elles faisaient un effort surhumain et elles apparaissaient au public en souriant. Ce destin est celui de Marilyn. Ce drame démontre combien les plus grandes vedettes, les vedettes les plus enviées sont des esclaves - esclaves de leur gloire, esclaves de leur public. Même les joies les plus simples données aux gens les plus humbles ne leur sont pas permises : le bonheur à deux, l'amour. Marilyn, finalement, ne pouvait plus échapper au dilemne : ou divorcer ou renoncer à sa carrière. Elle ne voulait ni l'un ni l'autre, mais elle ne pouvait échapper au choix. Parce qu'elle était une prodigieuse "bête à spectacle" elle a choisi le divorce. Elle n'aurait d'ailleurs pu faire autrement. Pour une vedette comme elle, renoncer à son personnage équivalait à se suicider. Elle était prisonnière à jamais de son brillant destin d'étoile.

     

     

     

    En janvier 1955, la société Marilyn Monroe Productions est fondée avec Milton Greene, un photographe de ses amis. Cours à l'Actors' Studio de Lee Strasberg. En mai, elle re-rencontre Arthur Miller. Au 31 décembre, elle signe un nouveau contrat avec la Fox qui lui donne enfin plus de pouvoir: 100 000 dollars par film ainsi que 500 dollars par semaine pour frais divers, regard sur le scénario, le metteur en scène et le chef de la photographie; elle peut jouer dans un nombre égal de films auprès de la concurrence qu'avec la Fox.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    SOURCES : http://www.thinesclaude.com/marilyn--le-divorce-la-coree-arthur-miller.php

     
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